dimanche 27 mai 2012

La pierre des merveilles - 28 mars 2011


Les boucles d'oreilles posées sur la table lui faisaient penser à deux lions sentinelles protégeant quelque trésor ou à deux casques de chevaliers scintillant à la veille d'une bataille.

Elle n'avait aucun pouvoir sur le flot de ses récits et surtout pas sur leurs méandres, comptant sur chaque accident de la route pour ralentir ou accélérer leur débit, évitant tel ou tel écueil, s'agrémentant d'entrelacs ou du tumulte d'un jaillissement inattendu selon l'ordre des cailloux ou de la mousse spongieuse rencontrés en chemin. L'armée des ombres veillait, tapie au fond, recouverte d'une eau saumâtre repoussante, camouflée tour à tour en porteuse de malaria, de dysenterie, ou de fièvre abyssales. Elle n'osait y porter la pointe de son bâton, pressentant une découverte embarrassante. La faune grotesque qui en cachait l'entrée allait-elle lui sauter au visage ? Parviendrait-elle à l'écarter pour en tirer son alphabet, pour gravir l'échelle du sens qui l'habitait, elle en était certaine. Sa lâcheté, c'était bien ça, sa lâcheté l'empêchait d'affronter la face livide qu'elle discernait au-dessous d'elle. L'air était traversé de courants frigorifiants. Ses membres se tétanisaient. Elle sentait que si elle ne trouvait pas l'élan de jeter un pavé dans la mare, l'effroi d'avant les commencements aurait tôt fait de geler toute tentative. Des sueurs froides traversaient son corps. Ses yeux parcourus de tics nerveux scrutaient la fange striée de quelques rais de lumière.
Un éclair traversa son esprit alors que son regard se portait vers un éclat d'or pur. Une pierre d'un bleu inouï incrusté de filaments et de virgules d'or émergeait de cette boue indistincte. Des rayons rougeoyants d'une lumière crépusculaire accompagnèrent les gestes nerveux et précis qui lui permirent d'extraire à l'aide de son bâton un caillou poli par le temps au formes tantôt arrondies comme un galet, tantôt prismatiques comme un diamant de la dimension d'un poing. C'était, elle en était maintenant certaine, un lapiz-lazuli. La pierre des merveilles au bleu profond comme un ciel afghan reposait à présent dans sa main apaisée. La lumière rasante du soleil couchant lui indiquait la route du retour. L'esprit et le coeur léger, elle sut alors qu'elle ne craignait plus rien.

samedi 19 mai 2012

les pétales de la mémoire

 11/06/06

Résider au cœur d’ananké comme en un labyrinthe.
L’il y a a dévoré la place. Les bêtes sont lâchées.
La pulsation intime a perdu la mesure.
A pas feutrés, d’une main moite,
J’effleure les pétales de la mémoire
au souffle du silence.
Emiettement du temps.
A la recherche de la durée salvatrice.
Habitacle de chair et de silence,
En pluies fertiles en vérités.
La mort resserre son étreinte d’absence à soi,
Dressant une statue de sel
d’où les fulgurances amorties
s’échappent.

Habla Palomalba

Aux alentours de 1990



Habla

Palomalba

Habla sabia savia

Palomalba sabia savia

Sabia Paloma Habla Savia Sabia

Savia Palomaalba Sabia Savia Sabía Sabor

De Leche Sabia Savia Alba Paloma Habla Palomalba

Alba Sabía a leche Paloma Sabia Habla Habla Habla

Alba Alba Alba Alba Alba Alba Alba Alba Alba Alba

Habla Habla Habla Habla Habla Habla Habla Habla

Sabia Sabia Sabia Sabia Sabia Sabia Sabia Sabia

Savia Savia Savia Savia Savia Savia Savia Savia

Palomhabla Palomhabla Palomhabla Palomhabla

Habla Paloma Habla Paloma Habla Paloma

Sabia Alba Habla Habla Alba Sabia

Savia Alba Sabia

Habla 

De la neige dans la mémoire



Croyant voir un nouveau présage
Mais j'ai du soleil dans les yeux 
de la neige dans la mémoire,
Le corps rompu par le milieu
et l'âme qui flotte comme un nénuphar
oublie les méchants comme les sages

Il y a des loups aux visages d'anges
au sourire trop doux qui cache la fange,
des cœurs en prison qu'on ne retient pas

Les initiales du souffle


21 février 1986



Les initiales du souffle sont gravées à même la roche, sur le flanc gauche de la grotte. La roche irriguée frémit et s'arrondit à fleur de faille.
Surplombant la mer, conteur de ciel, et le souffle en elle, la grotte, la roche dans le contre-ciel interroge le temps et du baume répand, fil d'immortel.