vendredi 16 septembre 2011

La nuit - le jour - 7 février 2011

Cante jondo 

De chaque écaille du dragon, la paroi froide, létale... de chaque secousse de sa queue ténébreuse, un pas de plus dans le gouffre poisseux, les yeux écarquillés, les peaux nues muant à une vitesse vertigineuse, vertigineuse. « De l'azur nous toucherons la transparence »... Ce bleu, ce bleu de Perse, ce bleu cobalt, cette pincée d'azur, comme un poinçon attestant la légitimité rigoureuse du pacte, son inéluctabilité, l'étau resserré, calibré au plus près. Ascension vers le jour entraînant les cohortes de créatures affamées, avides, tendant leurs mains éperdues, juste avant le non sens, juste avant la ptôse. Flèche de pur désir tendue du fond de la nuit la plus profonde. Le jour ne sait rien de la nuit. Le jour est une crête amnésique, un seuil, une embellie. Les couleurs diaphanes du jour depuis la nuit sont pâles. La nuit, coups de boutoir et décapitation. La nuit lépreuse, la nuit édentée, la nuit puanteur vous entraînant dans ses cloaques. La nuit borgne aux miroirs déformants. Oiseleur, maître des mondes, oiseleur, prince des ténèbres, expert en pièges et artifices.
Le jour est unité, alliance, vérité... La nuit, le chemin inéluctable de sa conquête.
La nuit est connaissance, la nuit les philtres et leur gourmande et délectable élaboration. La nuit, le lent arraisonnement ; la nuit, ses vertiges et la peau de chagrin, le dur devoir à étreindre en bout de course. Nulle nuit n'échappe à son jour. A chaque nuit, son jour. Dans la nuit et ses marges, le kaleïdoscope aux mille visages, le creuset où s'ébauchent les possibles. La nuit fertile des chants les plus profonds, des serments les plus doux, la nuit aux caresses irisées, à la plénitude matricielle. La nuit, vestale initiatrice. Chaque marche foulée est promesse de délivrance. Chaque précipice évité, promesse d'architecture éblouissante. La nuit est chair sur les os qui sont le jour. La nuit, le chaudron où cuit lentement la destinée du monde.


Quelques éclats de sel sur le bout de la langue

Paris, le 9 octobre 2010

Quelques éclats de sel sur le bout de la langue...
A Audriel

A quelles fêlures anciennes ont-ils puisé l'encre de leur persévérance ?
Aux sources de l'enfance...
Aux sources de l'enfance ils boivent l'eau amère
Vrillée dans le regard la nudité des êtres leur giclant au visage
Et sur le fil tendu de leur force fragile
Rose lilas la peau diaphane qui tâtonne dans l'ombre de nos indifférences
Longue écharpe d'amour jetée sur nos souffrances
Ils avancent
vêtus d'éclat serein dans leur nudité pâle

Il y a de l'aube et du ciel et du rire dans leur nom
Comme un huit couché ils ont trouvé la clef de belle nourriture
Une émotion à fleur de lèvres au risque renouvelé
Le doigt sur la gâchette visant nos certitudes

Traduction en espagnol -

Destellos de sal en la punta de la lengua...

A Audriel
(pareja de cantautores)

En que antiguas heridas tomaron la tinta de su perseverancia ?
En las fuentes de la infancia...
En las fuentes de la infancia beben el agua amarga
Clavada en la mirada, la desnudez de los seres les salta a la cara
Y sobre el hilo tendido de su fuerza frágil
Rosa lila la piel diáfana que tantea en la sombra de nuestra indiferencia
Larga bufanda de amor cobijando nuestros sufrimientos

Avanzan
Vestidos de resplandor sereno, en su pálida desnudez
Hay alba y cielo y risa en su nombre
Como un ocho tendido
Encontraron la clave de bello sustento
Una emoción a flor de labios
En renovado riesgo
El dedo en el gatillo apuntando a nuestras certidumbres.


http://www.resonancias.org/content/read/1246/ideograma-amoroso-y-otros-poemas-por-claudia-carlisky/

http://www.myspace.com/audrielsongs
http://www.dailymotion.com/video/x6p44i_audriel-emporte-une-impro_music