samedi 21 janvier 2012

29.11.2010

Le grain du papier, la fine pluie d'or pur retombant dans le rai de lumière, un silence de fin d'après-midi. L'apesanteur, le temps suspendu, la blancheur carnivore du papier traversé de cratères, légères boursouflures. Ouverture. Invitation au voyage. La main, la fine pluie d'or pur, la lumière. La suspension du temps. Un geste, surgi du vide en appétit, une orgie de couleurs giclées, déposées, orchestrées, trouve sa scansion, sa respiration. L'irruption du geste et du sens. Basculement. La présence s'installe et se déploie, à l'oeuvre.

Une large salle. Le musée d'Art Moderne. Des tableaux monumentaux disposés sobrement, un par un. De larges surfaces colorées, intenses, lumineuses. Une cathédrale de lumière. Présence, sollicitation vibratile de l'air. Interpellation chromatique. Apesanteur. Sanctification par la rencontre peau à peau de toute la surface du corps avec l'intensité iridescente de pure couleur. Invitation au jeu. Avancée pas à pas dans un dédale de caresses chromatiques. Oranges. Roses. Blancs. Rouges. Noirs. Formidable raccourci poétique de la matière picturale inventée par Rothko. Prière muette. Appel charnel de pur esprit.