mardi 14 août 2012

voir la page Actualité - Traduction d'un extrait de Plus loin qu'ailleurs


http://gabriel-arnoulaujeac.blogspot.fr/


DIMANCHE 12 AOÛT 2012


Plus loin qu'ailleurs (Gabriel Arnou-Laujeac) | Extrait traduit en espagnol par Claudia Carlisky


Claudia Carlisky, 
Concerto pour un visage
Fille du sculpteur Alberto Carlisky et de la plasticienne Mina Gondler, Claudia Carlisky est née à Buenos Aires en 1954 où elle réside jusqu'à l'âge de quatre ans. Après une enfance en France et une adolescence en Argentine, elle vit à Paris depuis 1975. Peintre, Claudia Carlisky expose régulièrement en France, en Suisse, en Italie et en Allemagne. Poète bilingue et mélomane, elle a participé à plus de 15 récitals de poésie et de musique dans un répertoire classique, notamment avec le trio Goodman composé de Igor Kiritchenko, violoncelle, Dimitri Khlebtsevitch, alto etCraig Goodman, flûte, à Paris et au Luxembourg. Elle publie dans des revues poétiques et des anthologies depuis 1978, et fut nominée lors du Concours Simone Landry pour son poème Le silence reviendra sur ses pas, le 8 mars 2010, dans le cadre de la journée internationale des femmes.  

Actualité poétique : Pas d'ici, pas d'ailleurs, Voix d'encre, 2012. 


EXTRAIT DE PLUS LOIN QU'AILLEURS, SUIVI D'UNE TRADUCTION ESPAGNOLE PAR CLAUDIA CARLISKY.      


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Claudia Carlisky : le bleu du ciel
(...) Notre passion sera sans résurrection, sans évangiles. Rien que souffrance et trahison du souffle originel. Nous voulions être l’exception, nous ne fûmes que la règle : le premier amour vida nos sacs de billes pour les remplir d’étoiles, mais cet éclair brutal serrait dans son poing la foudre qui les éteindra toutes une à une.

La possession et la dépendance, l'euphorie et le manque, la fusion et l'absence sont des stupéfiants millénaires dont la faim est vaste – et dont la fin dévaste. 
Pourquoi ? 


Pourquoi la passion n’échappe-t-elle pas au mouvement des marées, à la loi des contraires, au va-et-vient de l’ombre et de la lumière, à la mécanique imperturbable du déclin de toutes choses ici-bas ?

        Je demeure seul sans le pansement d'une parole, sans le calmant d'une réponse. Les mots ne pansent plus les maux, ils perdent provisoirement de leur magie, de leur superbe. Ils sont des oiseaux sans ailes, des flèches au souffle trop court qui retombent avant d'avoir atteint leur cible. Je demeure seul dans le déni de sa vaine absence, errant comme un fantôme dans l’immensité trompeuse de temples en ruine.

Je dérive en silence, des jours et des lunes, sur la mer de servitude qui inonde chacune de mes cellules en deuil, avant d’échouer par la grâce du temps sur l’autre rive des amours mortes, ivre du roulis de ma douleur naufragée. En me levant, dos à la mer, face au soleil, j’entends les baguettes du futur rosser le tambour de mon cœur, comme si le temps jusqu’ici suspendu au vestige du passé frappait de nouveau à ma porte, m’ordonnant de lui ouvrir enfin, et de reprendre ensemble notre danse avortée.

Je dois renaître de ce battement imperturbable, maintenant et ici-m'aime. Regagner le temps perdu à chercher ce qui n'est plus, ce qui n'est pas. Me lever, me reconstruire dans le vide et dans l'urgence d'un désespoir libératoire : dans la reddition de mes illusions sur moi, sur l’autre, sur l’éternité. 

Je sais désormais que la passion est exclusive, fusionnelle, psychotrope, mais que l'essentiel est la durée qui lui échappe, le temps qui l'écharpe. J’accepte ce qui est : ce que je crois être. Ce désespoir blanc, fruit paradoxal d’une pulsion vitale, me délivre de la prison du manque : le manque est là, mais plus ici. Du moins j’essaie de m’en convaincre, avec l’impatience de ceux qui doutent encore - quand j’entends retentir , en pleine gorge de l’absurde, ce cri d’impuissance qui m’arrache au long sommeil des sens :

« Puisque tout est transitoire, je les aimerai toutes. Et aucune. ». 
C’est ainsi que le désir ralluma pour moi son flambeau, pour moi tout entier criant femmine...(...)...


COPYRIGHT © 2012 Gabriel Arnou-Laujeac, SACD



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Extracto 



(...) Nuestra pasión no tendrá resurrección ni evangelios. Solo sufrimiento y traición del soplo original. Queriamos ser la excepción, sólo fuimos la norma : el primer amor vació nuestra cajón de los juguetes para llenarlo de estrellas, pero esta chispa fugaz ocultaba en su puño el rayo que finalmente las apagaría  a todas, una por una.

La posesión y la dependencia, la euforia y la falta, la fusión y la ausencia son estupefacientes milenarios cuya hambre es vasta y cuyo fin devasta. 

¿ Por qué ? 

¿ Por qué nuestra pasión no escapa al movimiento de las mareas descendientes, a la ley de los contrarios, al vaivén de la luz y de la sombra, a la mecánica imperturbable de la caída de todas las cosas en este mundo ? 

         Me quedo solo, sin el bálsamo de una palabra, sin el consuelo de una respuesta. Las palabras ya no curan los males, pierden su magia, su soberbia. Son pájaros sin alas, flechas   sinaliento,   que vuelven a caer antes de haber alcanzado el blanco. Permanezco sin ella negando su  vana ausencia, vagando como un fantasma en la inmensidad engañosa de templos en ruina.

Voy a la deriva en silencio, dias y lunas, sobre el mar de servidumbre que inunda cada una de mis celulas en duelo, antes de llegar por la gracia del  tiempo a la otra orilla de los amores muertos, ebrio por el balanceo de mi dolor naúfrago. Al levantarme, de espaldas al mar, de cara al sol, oigo los palillos del futuro apalear el tambor de mi corazón, como si el tiempo hasta aquí suspendido al vestigio del pasado, llamara de nuevo a mi puerta,  ordenandome abrirle  al fin  y retomar juntos nuestra danza inconclusa.
Debo renacer de ese latido imperturbable, aquí y ahora mismo, recuperar el tiempo perdido buscando lo que  no es más, lo que no es. Levantarme, reconstruirme en el vacío y en la urgencia de una desesperanza  liberadora, renunciando a mis ilusiones sobre mí, el otro, y  la eternidad.

Sé, de ahora en más, que la pasión es exclusiva, simbiótica, adictiva, pero que lo esencial es la duración que se le escapa, el tiempo que la pulveriza. Acepto lo que es : lo que creo que es. Esta desesperanza blanca, fruto paradójico de una pulsión vital, me libera de la prisión de la falta : la falta esta ahí, pero ya no aquí. Por lo menos trato de convencerme de ello, con la impaciencia de los que siguen dudando -cuando oigo resonar,  en plena garganta de lo absurdo, este grito de impotencia que me arranca del largo sueño de los sentidos : 

« Ya que todo es transitorio, las amaré a todas. Y a ninguna. » 

Así fue como el deseo volvió a encender su antorcha para mí,  con todo mi ser gritandohembruna...(...)...



                                                                                                                                                                 


Mina Gondler, Oiseau - Soleil
Les corbeaux menacent encore le ciel, 
Claudia Carlisky, 1989. Poème inédit.

Les corbeaux menacent encore le ciel.
De quel chemin de croix me parlent-ils ?
De quel sommeil aux songes pourpres
M'annoncent-ils l'expiation ou d'un linceul propitiatoire
Le baiser perfide et fallacieux de l'abandon ?
Palpitent et pépient, pépites dans mon lit
Se lient et me délient de tout délit commis.
Palpite sans raison mon coeur à l'unisson.
Le champ du ciel obscur s'ouvre enfin
Et du songe noir et rouge, de l'onde
Sort l'étendard blanc et bleu de ciel.
De l'azur nous toucherons la transparence
Et dans l'ordre des choses retiendrons l'immanence.


Claudia Carlisky, Eclosion III, 
Triomphe ou l'unité retrouvée


Claudia Carlisky, Le Seuil







A propos d'Alberto Carlisky et de Mina Gondler :


mercredi 18 juillet 2012

La nostalgie du feu - 1980 - In Concerto pour un visage

Une langueur moribonde,
Une rencontre en petites touches
D'une paresse de malentendus.
Des quiproquos alanguis par la distance.
Un manque à être et à se reconnaître.
Des failles idoines; La voix ne porte pas.
La voie ne porte pas tes pas.
De mille détours de l'essentiel au rythme ailé
La tache exsangue d'accrocs se pare.

Des fossiles de larmes
Vus à travers un papier glacé, froissé.
Hors d'atteinte. Argent massif.

Trône le sphinx encore - 1985 - In Concerto pour un visage

Il est des communions où sourdent les orages,
D'étranges paradoxes où fleurissent les mots.

Sur les franges du temps, en de trop âpres soupirs,
Les larmes ont débordé de leur vase d'argile
Et  le Nil a laissé sur les ailes du désir,
S'évaporer le bleu, l'obsidienne vers l'exil.

Caïmans à la dérive sur les larges bords du fleuve,
Lourds d'éternité
- rauque, convulsée -
Les larmes ont apprêté le linceul du bédouin.
Trône le sphinx encore sur les cierges allumés.

lundi 16 juillet 2012

Extrait de Conjonctions et disjonctions de Octavio Paz - parution en espagnol 1969, en français 1971 -

"Le temps moderne, le temps linéaire, homologue des idées de progrès et d'histoire, toujours projeté vers le futur ; le temps du signe non corps, acharné à dominer la nature et à maîtriser les instincts ; le temps de la sublimation, de l'agression et de l'automutilation : notre temps - s'achève. Je crois que nous entrons dans un autre temps, un temps qui ne laisse pas encore voir sa forme et dont nous ne pouvons rien dire, si ce n'est qu'il ne sera ni le temps linéaire ni le temps cyclique. Ni histoire ni mythe. Le temps qui revient, s'il est vrai que nous vivons effectivement un retour des temps, une révolte générale, ne sera ni un futur ni un passé, mais un présent. Du moins, est-ce là ce que, obscurément, réclament les rébellions contemporaines. L'art et la poésie non plus ne demandent rien d'autre, même si parfois les artistes et les poètes l'ignorent. Le retour du présent : le temps qui vient se définit par unmaintenant et un ici. (...) Si la rébellion contemporaine (et je ne pense pas seulement à celle de la jeunesse) ne s'éparpille pas en une succession de clameurs isolées ou ne dégénère pas en systèmes autoritaires et fermés, si elle articule sa passion dans l'imagination poétique, au sens le plus libre et le plus large du mot poésie, nos yeux incrédules seront les témoins du réveil et du retour à notre monde abject de cette réalité corporelle et spirituelle, que nous appelons présence aimée. Alors l'amour cessera d'être l'expérience isolée d'un individu ou d'un couple, une exception ou un scandale... Pour la première et la dernière fois apparaissent au fil de ces réflexions le mot présence et le mot amour. Ils ont été la semence de l'Occident, l'origine de notre art et de notre poésie. En eux se trouve le secret de notre résurrection." Octavio Paz

mardi 26 juin 2012

De l'écorce à la lumière - 16 octobre 2008

            



Claudia Carlisky       Sur des tableaux de Mario Gurfein exposés à la Galerie Lebrun L'église - Paris          

De la lisière de l’euphémisme – De l'écorce à la lumière 

De la redondance du motif aux confins du monde habité, masure persistante, parcelle de bonheur craintif arrachée dans un ultime geste de survie camouflé en toc, en factice, dans l’opacité d’un kitch de secours à l’exultation d’un espace irisé livrant sa haute musicalité conquise sur le vide, les infinies couleurs d’une palette vive et douce.


L’abysse du non sens figurée par un long serpent compact barrant le tableau paysage de toute sa matérialité muette et ses déclinaisons multiples. No pasaras. Toute la futilité de la résorption de la vie se résume à cet implacable verdict. Et pourtant, de cette absence exsude, éclate, une échappée sourde, comme par surcroît, une densité vibratile, pas encore vibrante, la vie à l’œuvre malgré tout. De ce vertige lisse, du désespoir désubstantialisé à l’extrême, filtre… une promesse.

Des nervures, des bruissements de matière colorée et vivante. Oui, la vie dans toute sa complexité organique surgit dans deux petits tableaux ciel et chlorophylle dont les nuances raffinées parlent du souffle originel veillant sur leur gestation. Ils parlent aussi de l’audace à être au cœur de la pulsation du monde, par delà la rhétorique de la figure et la complaisance à s’abandonner à la rythmique de l’espace.

Un baume enfin, une brume d’âme diaphane, la mélodie des sphères à portée du regard, là-bas, aux confins, là où l’imaginaire reprend ses droits, où la lumière rayonne dans un espace infini, où la vie ne bute plus sur l’abscons, où tout est lux, calme et harmonie. Là où les hommes sont transfigurés par l’évidence, ils se laissent toucher par la douce puissance de ses couleurs.

De l’écorce à la lumière, de laborieux, le chemin se fait léger et joyeux. Quand les voiles sont enfin levés, la vérité surgit, splendide.