Claudia Carlisky Sur des tableaux de Mario Gurfein exposés à la Galerie Lebrun L'église - Paris
De la lisière de l’euphémisme – De l'écorce à la lumière
De la redondance du motif aux confins
du monde habité, masure persistante, parcelle de bonheur craintif
arrachée dans un ultime geste de survie camouflé en toc, en
factice, dans l’opacité d’un kitch de secours à l’exultation
d’un espace irisé livrant sa haute musicalité conquise sur le
vide, les infinies couleurs d’une palette vive et douce.
L’abysse du non sens figurée par un
long serpent compact barrant le tableau paysage de toute sa
matérialité muette et ses déclinaisons multiples. No pasaras.
Toute la futilité de la résorption de la vie se résume à cet
implacable verdict. Et pourtant, de cette absence exsude, éclate,
une échappée sourde, comme par surcroît, une densité vibratile,
pas encore vibrante, la vie à l’œuvre malgré tout. De ce vertige
lisse, du désespoir désubstantialisé à l’extrême, filtre…
une promesse.
Des nervures, des bruissements de
matière colorée et vivante. Oui, la vie dans toute sa complexité
organique surgit dans deux petits tableaux ciel et chlorophylle dont
les nuances raffinées parlent du souffle originel veillant sur leur
gestation. Ils parlent aussi de l’audace à être au cœur de la
pulsation du monde, par delà la rhétorique de la figure et la
complaisance à s’abandonner à la rythmique de l’espace.
Un baume enfin, une brume d’âme
diaphane, la mélodie des sphères à portée du regard, là-bas, aux
confins, là où l’imaginaire reprend ses droits, où la lumière
rayonne dans un espace infini, où la vie ne bute plus sur l’abscons,
où tout est lux, calme et harmonie. Là où les hommes sont
transfigurés par l’évidence, ils se laissent toucher par la douce
puissance de ses couleurs.
De l’écorce à la lumière, de
laborieux, le chemin se fait léger et joyeux. Quand les voiles sont
enfin levés, la vérité surgit, splendide.
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