mardi 26 juin 2012

Laissez-moi la beauté tutélaire


A mon père
Paris, le 29 mai 2000

Adieu, lave. Un froissement sec. Crépitement d'os.

Laissez-moi la libellule et mon collier de larmes.

Laissez-moi la beauté tutélaire et le naufrage.

Laissez-moi rire et laissez-moi pleurer.


J'ai mâché des larmes d'oubli.

J'ai grignoté la moelle de vos os endormis

et j'ai craché des filaments séchés,
des lianes filandreuses de fiel et d'agonie.

J'ai noyé et broyé, souillé et piétiné.

et de ce machouillis infâme est né un égrégor

fait de toutes les lames, miroirs de mauvais sorts,

m'en suis enduit le corps.
J'ai trépigné, psalmodié, attisé,

arraché l'épaisse boue qui dénature.

En trouées de lumière, de mes sanglots enfouis,
jaillissant comme un cri,

j'ai craché du lilas, du bleu, de l'amarante, des oranges solaires,

des carmins cristallins, des bleus céruléens,



J'ai lavé les orgies, rougi les amnésies,

j'ai craquelé l'absence, étanché la souffrance,

puis je me suis assise.


J'étais seule.

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