dimanche 22 septembre 2019

EXTRAIT DE PLUS LOIN QU'AILLEURS,DE GABRIEL ARNOU-LAUJEAC SUIVI D'UNE TRADUCTION ESPAGNOLE PAR CLAUDIA CARLISKY

http://gabriel-arnoulaujeac.blogspot.fr/


DIMANCHE 12 AOÛT 2012


Plus loin qu'ailleurs (Gabriel Arnou-Laujeac) | Extrait traduit en espagnol par Claudia Carlisky


Claudia Carlisky, 
Concerto pour un visage
Fille du sculpteur Alberto Carlisky et de la plasticienne Mina Gondler, Claudia Carlisky est née à Buenos Aires en 1954 où elle réside jusqu'à l'âge de quatre ans. Après une enfance en France et une adolescence en Argentine, elle vit à Paris depuis 1975. Peintre, Claudia Carlisky expose régulièrement en France, en Suisse, en Italie et en Allemagne. Poète bilingue et mélomane, elle a participé à plus de 15 récitals de poésie et de musique dans un répertoire classique, notamment avec le trio Goodman composé de Igor Kiritchenko, violoncelle, Dimitri Khlebtsevitch, alto etCraig Goodman, flûte, à Paris et au Luxembourg. Elle publie dans des revues poétiques et des anthologies depuis 1978, et fut nominée lors du Concours Simone Landry pour son poème Le silence reviendra sur ses pas, le 8 mars 2010, dans le cadre de la journée internationale des femmes.  

Actualité poétique : Pas d'ici, pas d'ailleurs, Voix d'encre, 2012. 


EXTRAIT DE PLUS LOIN QU'AILLEURS, SUIVI D'UNE TRADUCTION ESPAGNOLE PAR CLAUDIA CARLISKY.      

La possession et la dépendance, l'euphorie et le manque, la fusion et l'absence sont des stupéfiants millénaires dont la faim est vaste – et dont la fin dévaste. 

Tant de ciel perdu.

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Claudia Carlisky : le bleu du ciel
Vous voulez être l’exception, vous n'êtes que la règle : le premier amour vide votre sac de billes pour les remplir d’étoiles, mais cet éclair brutal porte en lui la foudre qui les éteindra toutes une à une.

L'amour borde une dernière fois votre lit et vous donne le dernier baiser du grand soir.

Pourquoi ?

Pourquoi la passion n’échappe-t-elle pas au mouvement des marées, à la loi des contraires, au va-et-vient de l’ombre et de la lumière, à la mécanique imperturbable du déclin de toutes choses ici-bas ?

        Je demeure seul sans le pansement d'une parole, sans le calmant d'une réponse. Les mots ne pansent plus les maux, ils perdent provisoirement de leur magie, de leur superbe. Ils sont des oiseaux sans ailes, des flèches au souffle trop court qui retombent avant d'avoir atteint leur cible. J'erre seul sans elle dans le déni de sa vaine absence, comme un fantôme dans l’immensité trompeuse de temples en ruine.

Je dérive en silence, des jours et des lunes, sur la mer de servitude qui inonde chacune de mes cellules en deuil, avant d’échouer par la grâce du temps sur l’autre rive des amours mortes, ivre du roulis de ma douleur naufragée. En me levant, dos à la mer, face au soleil, j’entends les baguettes du futur rosser le tambour de mon cœur, comme si le temps jusqu’ici suspendu au vestige du passé frappait de nouveau à ma porte, m’ordonnant de lui ouvrir enfin, et de reprendre ensemble notre danse avortée.

Je dois renaître de ce battement imperturbable, maintenant. Regagner le temps perdu à chercher ce qui n'est plus, ce qui n'est pas. Me lever, me reconstruire dans le vide et dans l'urgence d'un désespoir libératoire : dans la reddition de mes illusions sur l'autre, sur moi, sur l’éternité. Je sais désormais que la passion est exclusive, fusionnelle, psychotrope, mais que l'essentiel est la durée qui lui échappe, le temps qui l'écharpe.

J’accepte ce qui est : ce que je crois être. Ce désespoir blanc, fruit paradoxal d’une pulsion vitale, me délivre de la prison du manque : le manque est là, mais plus ici. Du moins brûlé-je de m’en convaincre, avec l’impatience de ceux qui doutent encore.

Plus tard, la rage d'embrasser la multitude se propage dans l'or de mes cellules, quand j’entends monter dans la gorge de l’absurde, ce cri d’impuissance qui m’arrache au long sommeil des sens :

« Puisque tout est transitoire, je les aimerai toutes. Et aucune. ».

C’est ainsi que le désir ralluma pour moi son flambeau, pour moi tout entier criant femmine...(...)...


COPYRIGHT © 2012 Gabriel Arnou-Laujeac, SACD



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Extracto 


(...) La posesión y la dependencia, la euforia y la falta, la fusión y la ausencia son estupefacientes milenarios cuya hambre es vasta y cuyo fin devasta.

Tanto cielo perdido.


 Quisieran ser la excepción, sólo son la norma : el primer amor vació su cajón de los juguetes para llenarlo de estrellas, pero esta chispa fugaz oculta el rayo que finalmente las apaga  a todas, una por una.

¿ Por qué ? 

¿ Por qué nuestra pasión no escapa al movimiento de las mareas, a la ley de los contrarios, al vaivén de la luz y de la sombra, a la mecánica imperturbable de la caída de todas las cosas en este mundo ? 

         Me quedo solo, sin el bálsamo de una palabra, sin el consuelo de una respuesta. Las palabras ya no curan los males, pierden su magia, su soberbia. Son pájaros sin alas, flechas   sin aliento,   que vuelven a caer antes de haber alcanzado el blanco. Vagabundeo sin ella negando su  vana ausencia, vagando como un fantasma en la inmensidad engañosa de templos en ruina.

Voy a la deriva en silencio, dias y lunas, sobre el mar de servidumbre que inunda cada una de mis celulas en duelo, antes de llegar por la gracia del  tiempo a la otra orilla de los amores muertos, ebrio por el balanceo de mi dolor naúfrago. Al levantarme, de espaldas al mar, de cara al sol, oigo los palillos del futuro apalear el tambor de mi corazón, como si el tiempo hasta aquí suspendido al vestigio del pasado, llamara de nuevo a mi puerta,  ordenandome abrirle  al fin  y retomar juntos nuestra danza inconclusa.

Debo renacer de ese latido imperturbable, ahora mismo. Recuperar el tiempo perdido buscando lo que  no es más, lo que no es. Levantarme, reconstruirme en el vacío y en la urgencia de una desesperanza  liberadora, renunciando a mis ilusiones sobre el otro, sobre mí, y  la eternidad. Sé, de ahora en más, que la pasión es exclusiva, simbiótica, adictiva, pero que lo esencial es la duración que se le escapa, el tiempo que la pulveriza.

Acepto lo que es : lo que creo que es. Esta desesperanza blanca, fruto paradójico de una pulsión vital, me libera de la prisión de la falta : la falta esta ahí, pero ya no aquí. Por lo menos trato de convencerme de ello, con la impaciencia de los que siguen dudando.

Mas tarde, la rabia de abrazar la multitud se propaga en el oro de mis celulas, cuando oigo resonar,  en la garganta de lo absurdo este grito de impotencia que me arranca del largo sueño de los sentidos : 

« Ya que todo es transitorio, las amaré a todas. Y a ninguna. » 

Así fue como el deseo volvió a encender su antorcha para mí,  con todo mi ser gritando hembruna...(...)...



                                                                                                                                                                 


Mina Gondler, Oiseau - Soleil
Les corbeaux menacent encore le ciel, 
Claudia Carlisky, 1989. Poème inédit.

Les corbeaux menacent encore le ciel.
De quel chemin de croix me parlent-ils ?
De quel sommeil aux songes pourpres
M'annoncent-ils l'expiation ou d'un linceul propitiatoire
Le baiser perfide et fallacieux de l'abandon ?
Palpitent et pépient, pépites dans mon lit
Se lient et me délient de tout délit commis.
Palpite sans raison mon coeur à l'unisson.
Le champ du ciel obscur s'ouvre enfin
Et du songe noir et rouge, de l'onde
Sort l'étendard blanc et bleu de ciel.
De l'azur nous toucherons la transparence
Et dans l'ordre des choses retiendrons l'immanence.


Claudia Carlisky, Eclosion III, 
Triomphe ou l'unité retrouvée


Claudia Carlisky, Le Seuil







A propos d'Alberto Carlisky et de Mina Gondler :



mardi 4 décembre 2018

Publication dans Les carnets d'Eucharis de Nathalie Riera

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2011/01/06/claudia-carlisky-peintre-et-poete.html?fbclid=IwAR19QJop7d8KAKMzU2_a1Yl0MPR4d2zgZ02DVD9B2UB_N-hHZXF-sUgDBG8#more

mardi 20 juin 2017





Le grain du papier,
la fine pluie d'or pur retombant dans le rai de lumière,
un silence de fin d'après-midi ;
l'apesanteur, le temps suspendu,
la blancheur carnivore du papier traversé de cratères,
légères boursouflures.
Ouverture.
Invitation au voyage.
La main. La fine pluie d'or pur. La lumière.
La suspension du temps.
Un geste, surgi du vide en appétit,
une orgie de couleurs giclées, déposées, orchestrées, trouve sa scansion, sa respiration.
L'irruption du geste et du sens.
Basculement.
La présence s'installe et se déploie, à l'oeuvre.

***

Une large salle.
Le musée d'Art Moderne.
Des tableaux monumentaux disposés sobrement.
De larges surfaces colorées, intenses, lumineuses.
Une cathédrale de lumière.
Présence.
Sollicitation vibratile de l'air.
Interpellation chromatique.
Apesanteur.
Sanctification par la rencontre peau à peau de toute la surface du corps
avec l'intensité iridescente de pure couleur.
Invitation au jeu.
Avancée pas à pas dans un dédale de caresses chromatiques.
Oranges – roses – blancs – rouges – noirs.
Formidable raccourci poétique de la matière picturale inventée par Rothko.
Prière muette.
Appel charnel de pur esprit.


                                                                                                                                    Claudia Carlisky
                                                                                                                                     Eté 2004

mercredi 27 janvier 2016

Claudia Carlisky - Tableau ; L'eau et les songes / Poème : L'eau des songes -

L'EAU DES SONGES

Sempiternelle, l'onde, brisée puis recouvrée, éternel gazouillis, giclée jaillie d'une brisure dans la roche, faille entaillée laisse couler bouillonnements d'aurore. Une déchirure irruption de l'arbitraire un phare braqué dans l'œil. Hébétude balbutiante, des lambeaux de chair palpitante encore dans ton giron béant ; sucée rapide tout est en place. Nappe à carreaux rouges et blancs, feinte amidonnée de l'habitude, gommées les nacres et les coraux, désossés les songes, alambiqués les rêves d'horizons diaphanes, boursouflées les chairs chéries, affaissées et pantelantes, désaxés les gestes, maltraités les mots, vrillés au plus profond, cachés, malades, désavoués. Irruption calibre dix mille ouates de l'arbitraire point aveugle, au centre, le tourbillon volubile éteint, muet, calfeutré, blessé, livide, gauchi, apeuré. Sur cette terre d'absence une indicible usurpation, l'identité ravie, la faille se creuse, la béance s'agrandit, l'irrémédiable erreur faite comme par mégarde, le pied broie la main de l'enfant sous son poids de certitudes. Les plaques s'éloignent, l'intensité de la lumière vrille l'œil, assourdit la volonté hébétée, le cœur palpite, l'eau du corps coule, coule, déserte, assèche, corrompt, polluée, en flaques d'absence se répand dans le sable qui l'absorbe. Entame, le temps tombe en morceaux. Les flèches dards ruissellent pures étamines, éclats d'ardeur recomposée, cinglant à travers ciels, assoiffées d'éternel, avides, ailes vives, avancent radars lancés fulminant d'étoiles comètes pourpres, paillettes iridescentes. Trompe l'œil. Etonnement, désaveu, la mue rend muette. Clame l'innocence. Eloignement involontaire. Comme agie, agitée, marionnette, absence. Les pas dans tes pas. Reviens. Prends place et grandis. Agis. Marche. Ample. Murmure. Chante. Le temps. Reprends place dans le temps. Reprends ta place dans le cours du temps. Dans la cour des grands. Exténuée.



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